C’est aujourd’hui.. ! Joséphine Baker au Panthéon. Elle est la première femme noire à y entrer. Résistante, militante antiraciste, artiste, Joséphine Baker rejoint ce mardi 30 novembre 2021 les « grands hommes » et les « grandes femmes » dont la « patrie reconnaissante » honore la mémoire. Cette date du 30 novembre n’a pas été choisie au hasard. Elle coïncide avec la date anniversaire du mariage de l'artiste avec Jean Lion. Cette union, qui dura 14 mois, lui a permis de devenir française.

Sa famille ayant refusé que le corps soit déplacé, le cercueil de Joséphine Baker contiendra de la terre des quatre endroits symboliques où Joséphine Baker a passé une partie de sa vie : Saint-Louis, sa ville de naissance aux États-Unis, Paris, sa ville de cœur, les Milandes en Dordogne où elle a possédé un château, et Monaco, où elle repose près de son mari et d’un de ses enfants.

Lors de la cérémonie de panthéonisation, une procession remontera la rue Soufflot derrière le cercueil de l'artiste et résistante, avant que celui-ci ne soit accueilli au Panthéon par Emmanuel Macron, nous précise l'Agence France Presse. Mais la dépouille de l'artiste franco-américaine n'aura en fait jamais quitté le cimetière marin de Monaco, où elle repose depuis 1975 : c'est un cercueil presque vide qui va faire son entrée dans le mausolée de la Montagne Sainte-Geneviève, qui ne sera donc pas le tombeau de Joséphine Baker, mais son cénotaphe. La crypte du Panthéon en abrite d'ailleurs quelques autres : tous les "panthéonisés" ne sont pas au Panthéon.
Lieux emblématiques
Le cercueil qui symbolise l’entrée de la star des années folles contient des poignées de terre venues des lieux emblématiques de sa vie : de Saint-Louis, la ville du Missouri où elle est née en 1906, de Paris qu'elle a tant aimé, de la vallée de la Dordogne où elle éleva ses douze enfants et du cimetière marin de Monaco, où elle repose depuis 1975 aux côtés de son dernier mari et d'un de ses enfants.

Ce n'est pas la première fois que ce procédé est utilisé lors d'une "panthéonisation", rappelle Ouest France. Ainsi Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, toutes deux honorées d'une entrée au Panthéon en 2015, notamment pour leur lutte au sein de la Résistance, n’y ont pas été transférées. De la terre a été prélevée près de leurs tombes, dans le cimetière de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) où repose Germaine Tillion, et dans celui de Bossey (Haute-Savoie), où la nièce du général de Gaulle est enterrée avec son mari.
Les reliques de Gambetta
La difficulté d'extraire une personnalité de sa sépulture originelle a même parfois été résolue par de surprenants compromis. Ainsi, Léon Gambetta étant inhumé à Nice depuis 1883, c'est son cœur qui fait son entrée au Panthéon en 1920, à l'occasion du cinquantenaire de la Troisième république. C'est dès sa mort que le corps de Gambetta avait vu ses organes dispersés, puisque sa tête, son cerveau, son bras droit et son cœur avaient été extraits à l'autopsie pour en faire autant de reliques.

Louis Braille, inventeur de la méthode éponyme de lecture pour les aveugles, a été enterré dans son village natal, à sa mort en 1852. C'est un siècle plus tard que son corps fut exhumé et transféré au Panthéon... sans ses mains, hautement symboliques de son œuvre et demeurées dans sa tombe de Coupvray, en Seine-et-Marne.
Le corps introuvable de Condorcet
Le "tombeau" de Condorcet au Panthéon contient lui aussi un cercueil vide. Lorsque François Mitterrand décida de "panthéoniser" cette figure majeure de la Révolution française durant l'année du bicentenaire, on se mit à la recherche de sa dépouille dans l'ancien cimetière de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). Le corps avait été déposé en 1794 dans la fosse commune, peu après la mort inexpliquée de Nicolas de Condorcet en cellule dans cette bourgade du sud de Paris, et n'a jamais pu être retrouvé.
D'autres figures illustres du Panthéon n'y sont peut-être pas réellement, faute de disposer d'un corps, selon LCI. Ainsi les circonstances de la mort de Jean Moulin ne permettent pas d'établir avec certitude que les cendres qui ont été transférées au Panthéon en 1964 sont bien les siennes. S'il est supposément mort dans un train qui l'emmenait en Allemagne, le corps du héros de la Résistance n'a jamais été remis à la famille, qui n'a eu que des informations partielles quant à une possible incinération.