« Eh oui ! je danserai, chanterai, jouerai toute ma vie, je suis née seulement pour cela. Vivre, c’est danser, j’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain – mais pas au music-hall. » ‘Les mémoires’ de Joséphine Baker, recueillis par Marcel Sauvage (1949).

Grâce à la pétition de Régis Debray, aidé par Laurent Kupferman et Jennifer Guesdon, en 2013 : « Osez Joséphine », la Panthéonisation de Joséphine Baker a été rendue possible, elle aura lieu le 30 novembre 2021.


Entrée de plain-pied dans la légende, l’actrice marqua l’histoire de France comme elle l’entendit, de mille façons. Ses obsèques nationales furent célébrées à Paris mais son corps fut enterré en Principauté de Monaco et il y resta.
« Emmenez-moi chez Michou, je veux savoir à quoi ressemble ma doublure ! » lançait le monstre sacré surnommé la Perle noire à l’entracte de son dernier show à Bobino. Après l’immense succès de la soirée, Joséphine Baker, à bout de souffle, termina sa vie, le 12 avril 1975, à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière.

Joséphine Baker, née Fréda Joséphine McDonald, le 3 juin 1906, à Saint-Louis, au Missouri (USA) fut une chanteuse, danseuse, actrice et meneuse de revue extrêmement populaire. Qui se doutait qu’elle fut aussi une résistante acharnée, lors de la Seconde guerre mondiale ?

Joséphine Baker prit la nationalité française lors de son mariage avec Jean Lion puis se mit à lutter activement contre le racisme. Devenue agent du contre-espionnage français, elle participa au mouvement des droits civiques aux USA tout en défendant la culture afro-américaine. Engagée par la France-Libre, Joséphine Baker se produisit dans les meilleurs théâtres parisiens et… se servit de ses partitions musicales pour faire passer des messages militaires. L’agent secret, devenue sous-lieutenant des Forces Libres, entra à la Croix-Rouge. Elle servit jusqu’à la Libération sous les ordres du commandant Abtey… En Afrique du Nord où elle poursuivit ses missions, l’artiste fut placée sous la protection de Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol. A Lisbonne, elle dissimula dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d'espions nazis à remettre aux agents britanniques. En 1944, à Marseille, les forces féminines de l'armée de l'air l’envoyèrent vers d’autres missions d’espionnage. A la Libération de Paris, Joséphine accepta enfin de se produire au gala organisé par la Croix-Rouge.

Amuser la première Armée française devant les soldats et résistants près du Front, fut pour elle mieux qu’une fierté personnelle. Pour l’ensemble de ses engagements à hauts risques, la Perle noire reçut, le 5 octobre 1946, la médaille (avec rosette) de la Croix-Rouge française, les insignes de chevalier de la Légion d'honneur ainsi que la croix de guerre 1939-1945 (avec palme) remise par le général, Martial Valin.
Au château des Milandes, Joséphine aimait aller au bout de ses rêves ! (Brian Bouillon-Baker)
Beaucoup de visiteurs se sont rendus au château des Milandes que Joséphine Baker acheta en Dordogne afin d’abriter ses douze enfants adoptés (association Arc-en-ciel). Aujourd’hui habitée par l’âme de la grande dame de la Nation, Angélique de Saint-Exupéry, l’actuelle propriétaire, se bat pour porter haut l’idéal de Fraternité. « Depuis l’achat du château par mes parents, il y a vingt ans, je souhaitais rendre hommage à Joséphine Baker ». Petit à petit, la passeuse de mémoire réussit à récupérer certains effets personnels pour enrichir au plus juste, chaque pièce. « Joséphine s’est battue pour l’égalité, la tolérance, la fraternité et la différence. Il faut visiter ce château bien vivant et de toute beauté ! ».

Brigitte Bardot, quant à elle, n’a pas connu Joséphine Baker mais a tenu, sous forme d’une lettre, à témoigner. Quand elle entendit un jour la détresse de l’actrice aux Milandes et surtout comment pouvoir nourrir dignement sa tribu, elle prit son courage à deux mains.

Brigitte Bardot se rendit -sans y être invitée-, sur le plateau du 20 heures de la chaîne TF1. « Envoyez vite vos dons ! » s’écria-t-elle. La collecte fut abondante, mais hélas face au gouffre financier, trop rapidement dépensée. C’est ainsi, que tristement Joséphine Baker se retrouva un beau matin, assise sur le perron, sans le sou… Aujourd'hui, elle réagit à la panthéonisation de Joséphine Baker par ces mots :

Brian Bouillon Baker, l’un des fils de Joséphine s’est toujours mis en première ligne pour défendre l’œuvre et l’image de sa mère. « Son message de fraternité perdurera à tout jamais. Notre famille et nos amis remercient le Président Macron. Sûrement que maman aurait été surprise et sans doute gênée par l’idée d’une Panthéonisation, mais elle aurait compris qu’il s’agit d’un combat éternel, celui de nombreuses femmes contre les discriminations ! »

Par Michèle Villemur


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Photos DR et ©P. Berthé P. Cadet / Centre des monuments nationaux