Pour le Maestro des fourneaux, Alexandre Mazzia, la surprise fut totale : il est le grand gagnant « trois-étoiles » de la cuvée Michelin 2021 pour son restaurant AM à Marseille ! Le lancement du guide rouge a eu lieu depuis la tour Eiffel, diffusé sur Youtube et Facebook. Derrière leurs écrans, en visioconférence, les chefs trois-étoiles s’étaient donné rendez-vous pour applaudir à la minute même la nomination marseillais. A l’unanimité, ils acceptaient l’arrivée d’un pair au club très fermé des triplements étoilés. Et quelle incroyable mosaïque gastronomique !
Guide Michelin
Alexandre manqua d’en tomber de tout son long car, même s’il y pensait, jamais il n’y aurait cru. Saisi par l’émotion, face à la caméra, le Chef de 45 ans commença par mettre un temps fou à reboutonner la veste de son tablier jusqu’aux manchettes et au col. A se demander si un mot sortirait de sa bouche… Le moment fut alors de rare intensité.
Après une profonde respiration, Alexandre expliqua son bonheur mais surtout le travail qu’il avait accompli, toujours dans de grands établissements.
A Marseille, on le sait : AM ne s’est en effet pas fait en un jour, mais en presque sept ans, quatre fois par semaine, rien que pour le plaisir de vingt-quatre clients fidèles du Prado (quartier de Marseille). « Enfin de l'audace ! En consacrant le talent d'Alexandre Mazzia, le Guide Michelin sort avec bonheur des assiettes battues se félicite le critique du Figaro Stéphane Durand Souffland. Chez Mazzia, on fermente, on brûle, on épice, on iode, on pimente, on fume, on pulvérise – on ne craint pas la castagne. On part en voyage, guidé par un ancien basketteur né en Afrique noire, où il a passé son enfance, et installé dans le plus exotique des ports français ».
Le guide Michelin a tenu coûte que coûte à maintenir la publication de son fameux guide, en présence du chef Frédéric Anton -et d’autres personnalités du monde culinaire.
Renonçant à ranger leurs toques au vestiaire, les restaurateurs de l’année 2020 garderont pour la plupart, le souvenir d’une année brisée par la crise du Covid-19. Bon nombre durent -et doivent encore- fermer leurs portes. Tous s’accrochent aux fourneaux, dans le seul but de poursuivre leur passion et de nourrir leurs familles. Le directeur régional du Michelin, Gwendal Poullennec réserva en exclusivité aux spectateurs virtuels de France et de Navarre, une cuvée inédite avec 638 établissements étoilés !
Pour soutenir le moral de ces courageux professionnels, les anciennes étoiles ont bien été sauvegardées, tandis que d’autres s’y sont ajoutées (57 nouveautés, deux nouveaux deux étoiles). Mis à l’honneur, les jeunes talents et, pour la seconde année, les établissements gratifiés d’une étoile verte prouvant que leurs produits sont issus de leur région. « Au nombre de 33, ces restaurants, dont l’action résonne particulièrement aujourd’hui en reflet d’une prise de conscience écologique qui s’accélère, continuent de tracer la voie d’un futur plus responsable » a souligné Gwendal Poullennec, sans manquer d’ajouter : « l’année 2020 a été particulièrement éprouvante pour les restaurateurs dont nous mesurons pleinement les difficultés. Néanmoins, à chaque fois qu’ils l’ont pu, ces derniers ont donné rendez-vous à leurs clients, et leurs clients de répondre présents pour leur signifier leur attachement aux bonnes tables. Nos équipes ont été impressionnées par cet élan de solidarité et ce niveau d’investissement. A notre tour, nous souhaitions honorer notre engagement historique vis-à vis des gourmets et des chefs en dévoilant notre sélection 2021 de restaurants ».
« Nous n’avons pas fait de compromis », a-t-il assuré en commentant le palmarès 2021. L’année qui démarre retiendra des noms prometteurs, à l’exemple d’Alexandre Mazzia et d’autres : Claire Vallée (Gironde), Mory Zacko (Paris), Helène Darroze (Marsan dans les Landes) jusqu’à cette petite table délicieuse d’Avezan (Gers) que peu avaient remarquée mais qui ne sert que des produits éco-responsables. Deux tables décrochent leur deuxième étoile: Hélène Darroze chez Marsan (Paris 6e), le gastronomique que la jurée de «Top Chef» a repensé il y a deux ans en écho à ses origines landaises. Et en Alsace, à Laubach, le restaurant La Merise du chef Cédric Deckert, ancien second de Jean-Georges Klein à L'Arnsbourg.
Par Michèle Villemur
